Aller au contenu principal
Tendance

Chargement des tendances...

Logo
  • Accueil
  • À la Une
  • Décryptage
  • Analyse
  • Vidéos & Podcasts
  • Afrique
  • International
  • À propos
LogoLes Concernés

Votre magazine d'analyse

Navigation

  • Accueil
  • À la Une
  • Vidéos & Podcasts
  • Afrique
  • International
  • À propos

Décryptage

  • Économie
  • Politique
  • Culture
  • Sport

Analyse

  • Essais
  • Entretiens
  • Opinions
  • Nouvelle

Autres

  • Contact
  • Faire un don
  • Adhérer à l'association
  • Contribuer
  • Confidentialité

Suivez-nous

© 2025 Les Concernés. Tous droits réservés.

Le sommet d’Anchorage, théâtre d’une paix fragile ou coup de bluff géopolitique ?

À la une, Décryptage, International, Politique • 20 août 2025 • Mohamed Sylla

⏳ 7 min de lecture

Le sommet d’Anchorage, théâtre d’une paix fragile ou coup de bluff géopolitique ?

La mise en scène était irréprochable : tapis rouge, haie d’honneur militaire, et une bannière proclamant « Pursuing Peace ».

Anchorage, Alaska, 15 août 2025. Sous un ciel d’acier balayé par les vents arctiques, la base militaire d’Elmendorf-Richardson (où les rugissements des F-22 américains résonnent comme un défi au silence du détroit de Béring) a accueilli un événement aussi audacieux qu’inquiétant. Vladimir Poutine, visé par un mandat d’arrêt international, a posé le pied sur le sol américain pour la première fois en dix ans, accueilli par un Donald Trump visiblement admiratif et ouvert au dialogue avec la Russie sur le destin de Kiev. Ce sommet, présenté comme un effort pour désamorcer la guerre en Ukraine, cache une vérité plus trouble : un jeu d’échecs à haut risque où l’Ukraine, absente de la table, pourrait être la première victime. Enquête exclusive sur un moment décisif, où les ambitions des puissants redessinent les contours d’un monde au bord du gouffre.

L’Alaska, un échiquier chargé de symboles

Le choix d’Anchorage n’est pas fortuit. À 80 kilomètres des côtes russes, cet ancien territoire tsariste, cédé aux États-Unis en 1867 pour une poignée de dollars, incarne une proximité historique autant qu’une rivalité brûlante. Mais le décor va au-delà de la symbolique géographique. Les États-Unis, non-signataires du Statut de Rome, offrent à Poutine une immunité de fait face au mandat de la Cour pénale internationale (CPI) émis en 2023 pour crimes de guerre. Ce détail, loin d’être anodin, soulève une question : Trump a-t-il délibérément offert à Poutine une tribune pour se réhabiliter, ou s’agit-il d’un pari pragmatique pour briser l’impasse où l’Europe, divisée et hésitante, s’est enlisée ?

La mise en scène était irréprochable : tapis rouge, haie d’honneur militaire, et une bannière proclamant « Pursuing Peace ». Pourtant, derrière ce vernis, les coulisses révèlent un rapport de force déséquilibré. Trump, en quête d’un coup d’éclat diplomatique pour asseoir son second mandat, a déroulé le tapis rouge. Poutine, lui, s’est présenté en maître du jeu, fort de ses avancées en Ukraine et d’une économie russe qui, contre toute attente, résiste aux sanctions grâce à Pékin et New Delhi. Ce sommet est-il une tentative sincère pour mettre un terme à la guerre, ou une vitrine pour deux leaders jouant leur propre partition ?

Trump, le négociateur à l’instinct

Donald Trump, fidèle à son style de magnat de l’immobilier, a abordé ce sommet comme une transaction à conclure à tout prix. Sur Truth Social, il écrivait : « Je saurai en cinq minutes si c’est un triomphe ou un fiasco. » Son objectif était donc clair : un cessez-le-feu rapide en Ukraine, où le conflit, entré dans sa quatrième année, a réduit l’est du pays à un champ de décombres. Mais les promesses de Trump masquent une réalité dérangeante. En conviant Poutine sans inviter Volodymyr Zelensky, il a relégué l’Ukraine au rang de figurante dans son propre drame.

Des fuites, rapportées par le New York Times et recoupées par nos sources, évoquent une proposition choc de Trump : un « échange de territoires » où l’Ukraine céderait Donetsk, Louhansk, Zaporijjia, Kherson et peut-être la Crimée, en échange d’une paix aux contours fragiles. Une idée séduisante pour Trump, qui caresse le rêve d’un Nobel de la paix, mais qui sonne comme une trahison pour Kiev. Comment expliquer ce revirement d’un président qui, en campagne, jurait de « protéger l’Ukraine » ? Est-il hypnotisé par l’aura de Poutine, comme le murmurent certaines chancelleries européennes, ou croit-il vraiment qu’un tel compromis est la seule issue réaliste face à une guerre qui perdure ?

Poutine, l’homme qui joue avec le temps

Pour Vladimir Poutine, Anchorage est une aubaine inespérée. Ostracisé depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, il a saisi l’invitation de Trump pour briser son isolement et reprendre la main. Son arrivée, après une escale à Magadan où il a célébré la coopération soviéto-américaine de la Seconde Guerre mondiale, était un coup de maître : un rappel que la Russie reste une puissance incontournable, ancrée dans l’Histoire. Sa présence sur le sol américain, sous les flashes des caméras mondiales, est une victoire symbolique qui vaut tous les discours.

Mais Poutine ne se satisfait pas de symboles. Ses exigences, martelées à Anchorage, sont aussi claires qu’inflexibles : la reconnaissance des annexions des quatre régions ukrainiennes occupées, l’abandon par Kiev de ses ambitions d’adhésion à l’OTAN, et la fin des livraisons d’armes occidentales. Des conditions jugées « non négociables » par le Kremlin, mais inacceptables pour l’Ukraine et ses alliés. Pourquoi Poutine, dopé par ses récents gains à Pokrovsk, choisit-il ce moment pour négocier ? Veut-il verrouiller ses conquêtes avant une offensive hivernale, ou parie-t-il sur une lassitude croissante de l’Occident, où l’aide à l’Ukraine devient un sujet de discorde, notamment aux États-Unis ?

L’Ukraine, otage d’un jeu à deux

L’absence de Volodymyr Zelensky à Anchorage est le scandale qui fait grincer des dents. Informé du sommet par un appel de Trump la veille, le président ukrainien a dénoncé un « processus parallèle » qui marginalise son pays. Dans une allocution télévisée, il a rappelé, la voix grave, que « la Russie tue encore aujourd’hui », citant les bombardements sur Kharkiv le matin même du sommet. Pourtant, sous pression, Zelensky a affiché un soutien prudent à Trump, déclarant « compter sur lui » pour arracher un accord à Moscou.

Les faits, eux, sont implacables. Après 42 mois de guerre, l’Ukraine est à bout de souffle. Un sondage exclusif du Kyiv Post révèle que 69 % des Ukrainiens soutiennent des négociations, même au prix de concessions territoriales, contre 24 % tenant à une victoire militaire. Cette fracture, combinée à la dépendance de Kiev aux armes américaines, place Zelensky dans une position intenable. Si Trump et Poutine scellent un accord, l’Ukraine aura-t-elle la force de dire non ? Et si elle refuse, Washington, principal bailleur de fonds, maintiendra-t-il son soutien, alors que des voix républicaines s’élèvent pour couper les vivres ?

L’Europe reléguée au banc des observateurs

L’Europe, elle, regarde ce sommet avec une angoisse palpable. La chancelière allemande Friedrich Merz a plaidé pour un cessez-le-feu sans concessions territoriales, tandis qu’Emmanuel Macron, dans une charge rare, a fustigé tout « marchandage » sur le dos de l’Ukraine. Kaja Kallas, à la tête de la diplomatie européenne, a accusé Poutine de chercher à « blanchir son agression » par une photo avec Trump. Mais ces déclarations ne cachent qu’à peine une vérité cruelle : l’Europe, divisée et dépendante des États-Unis pour sa sécurité, n’avait pas la voix au chapitre à Anchorage.

Le choix de l’Alaska, à des milliers de kilomètres de Bruxelles, a d’ailleurs amplifié ce sentiment d’exclusion. Pourquoi Trump a-t-il snobé ses alliés européens, qui ont injecté des milliards dans l’aide à l’Ukraine ? Craint-il que l’Europe, arc-boutée sur ses principes, ne torpille son grand « deal » ? Ou cherche-t-il à marginaliser l’OTAN, qu’il a toujours critiquée, pour redessiner seul l’architecture de la sécurité mondiale ?

Un tournant ou une illusion ?

Ce sommet, qualifié d’« historique » par une presse internationale enfiévrée, est un pari à double tranchant. Pour Trump, c’est une chance de marquer l’histoire, mais aussi un piège : un accord bâclé pourrait aliéner ses alliés européens et ukrainiens, tandis qu’un échec le ridiculiserait. Pour Poutine, c’est une opportunité de consolider ses gains et de fracturer l’Occident, mais une erreur pourrait galvaniser ses adversaires. Pour l’Ukraine, c’est une question de survie : un mauvais compromis pourrait entériner la perte de 20 % de son territoire et briser ses rêves d’intégration euro-atlantique.

Alors que les délégations quittaient Anchorage, aucun accord concret n’a émergé, seulement une vague promesse de « poursuite du dialogue ». Trump a juré qu’il appellerait Zelensky « dès ce soir », tandis que Poutine, impavide, regagnait Moscou. Les questions, elles, s’accumulent : ce sommet est-il le prélude à une paix durable ou le prologue d’un nouvel ordre mondial où les petites nations sont sacrifiées sur l’autel du réalisme ? Qui, de Trump ou Poutine, tient vraiment les rênes de ce jeu d’échecs ? Et surtout, l’Ukraine, héroïque mais à bout de forces, peut-elle encore écrire son propre destin ?

Dans un monde où les poignées de main camouflent les coups bas, Anchorage pourrait bien rester dans l’histoire comme le symbole d’une paix, mais où la guerre a gagné du terrain.

 

Partager:
Facebook
 
Twitter
 
Linkedin
 
Email
 
Print
 
Noter:

À propos de l'auteur

Mohamed Sylla

Mohamed Sylla

N/A

Articles Similaires

Chargement...

Ajouter un commentaire

Commentaires

Chargement...

Recherche

Articles Récents

Catégories