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Lettre ouverte au Premier ministre Bah Oury

• 14 mai 2025 • Jules Tambadah Kamano

⏳ 4 min de lecture

Lettre ouverte au Premier ministre Bah Oury

Les Guinéens ne vous demandent pas de leur vendre des rêves. Ils vous demandent d’agir, ici et maintenant.

Monsieur le Premier ministre,

C’est profondément choqué par certains de vos récents propos que j’ai pris sur moi ce devoir citoyen de vous adresser ces quelques mots. N’y voyez donc ni manque de respect, ni autre sentiment de mauvais aloi. Vos déclarations sur une prétendue ambition de la Guinée à « contribuer au développement du Sénégal et du Mali », ont suscité chez nombre de nos concitoyens une triple réaction : de l’incompréhension, de la colère et, plus silencieux mais non moins grave, un profond sentiment d’abandon, lourd de conséquences pour leur avenir.

Car en effet, à moins de vivre dans un univers parallèle ou dans un déni abyssal, parler de développement régional alors que des mères guinéennes accouchent encore dans des centres de santé sans lumière, où la torche d’un téléphone portable remplace les équipements médicaux, est totalement incompréhensif et cynique. Est-il seulement possible que vous ignoriez, en évoquant un rôle de leader régional, la situation de nos jeunes diplômés qui errent dans les rues, sans emploi, sans espoir et sans perspective ? Faire cet étalage d’ambitions pour nos voisins quand nos routes tuent plus que nos hôpitaux ne sauvent, plastronner de la sorte devant les yeux du monde alors que des familles guinéennes ont soif d’eau potable, manquent d’électricité, craint pour leur sécurité et savent la justice hors de portée, se donner en spectacle de la sorte, m’apparaît non seulement indécent, mais insultant, presque obscène. 

À quoi bon briguer une stature régionale quand on foule aux pieds la dignité élémentaire de son propre peuple ? Un esprit lucide y verrait une gifle en pleine figure. Une provocation. Une manière de dire à ce peuple meurtri que ses problèmes peuvent bien attendre. Que vous, oui vous, celui-là même qui, des années durant, s’est tenu à ses côtés, qui a porté sa voix et défendu sa cause, préférez désormais rêver d’ailleurs. 

Oui, la solidarité entre pays africains est noble. Oui, penser à une coopération régionale forte est une nécessité. Mais pas au prix de l’oubli de son propre peuple. Pas au moment où notre pays traverse une des périodes les plus difficiles de son histoire récente. Avant de tendre la main aux autres, il nous faut panser nos propres blessures. Il me semble que la solidarité commence par le courage de réparer ce qui, chez nous, s’est brisé.

Est-il nécessaire de rappeler ici que notre système éducatif est en ruine ? Des enfants apprennent encore sous des hangars ouverts aux vents, sans table, sans livres, parfois même sans enseignants. Quid de nos hôpitaux, ces oasis encore plus arides que le désert, qui manquent de médicaments, de matériel et de personnel ? Et dans ce dénuement, des malades meurent, non de leurs pathologies, mais d’un abandon organisé. Le chômage atteint des sommets, et chaque jour, des centaines de jeunes rêvent de partir, de fuir, quitte à défier les mers et la mort. Est-ce cela, vraiment, le pays que l’on dit prêt à contribuer au développement d’autrui ?

La vérité, Monsieur le Premier ministre, c’est que la Guinée est malade. Très malade. Et ce dont elle a besoin, c’est de soins urgents, pas de discours brillants sur des ambitions qui frisent le fantasme. Les Guinéens ne vous demandent pas de leur vendre des rêves. Ils vous demandent d’agir, ici et maintenant. De travailler à améliorer leur quotidien. D’apporter des solutions concrètes et durables. Et surtout, de respecter leur douleur.

Ce peuple que vous représentez est un peuple fier, courageux, digne. Trop souvent trahi par ceux en qui il avait placé sa confiance, il ne veut plus se laisser berner par les discours enjolivés, les stratégies de salon, ni les projets qui ne voient jamais le jour.  

En tant que Premier ministre de la République de Guinée, votre priorité doit être ici, chez nous. Il est une vérité que je tiens pour immuable : tant que nos enfants mourront de paludisme faute de soins, tant que nos femmes parcourront des kilomètres pour trouver de l’eau, tant que nos jeunes seront condamnés à l’errance et à l’exil, il n’y aura ni fierté ni légitimité à prétendre aider quiconque au-delà de nos frontières.  

Sachez qu’il est toujours possible de rectifier le tir. Vous vivez dans ce pays : ne détournez plus le regard sur la réalité que vivent vos compatriotes. Marchez à leurs côtés comme vous le fîtes jadis. Ecoutez leurs douleurs, leurs doutes, leurs espoirs. Redonnez du sens à vos promesses. Agissez pendant qu’il est encore temps. 

L’histoire jugera chacun de nous. Et vous, plus que quiconque, serez jugé non à l’aune de vos ambitions régionales, mais à celle de ce que vous aurez accompli ici, en Guinée, pour soulager les souffrances de votre peuple.

Monsieur le Premier ministre, il est encore temps de revenir à l’essentiel. Ce peuple attend. Il n’attendra pas toujours.
 

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Passionné par le droit, l’engagement citoyen et le développement social, Jules Tambadah Kamano est a...

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